Les addictions et la dépendance

Quel sujet fascinant... Je me suis longtemps interrogée sur les questions de la dépendance et de l'addiction. Pour moi la dépendance entraîne une perte d'autonomie et l'addiction c'est encore au-delà : ce n'est plus une perte d'autonomie, c'est un besoin physiologique.

Les définitions le confirment : selon l'Inserm l'addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à :

  • une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
  • une modification de l’équilibre émotionnel
  • des troubles d’ordre médical
  • des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale

Lorsque j'étais ado, ma mère m'a incitée à lire l'herbe bleue, un livre publié en 1971, anonymement comme étant le journal intime d'une jeune fille de 15 ans. Dans ce livre, l'auteure raconte comment elle est devenue malgré elle accro à la drogue et son combat pour s'en sortir.

Je crois que c'est à cette époque que j'ai associé l'addiction à la prise de drogue ou d'alcool.

Pourtant ma compréhension était incomplète, il y a de très nombreux produits et aussi des comportements qui peuvent nous rendre accrocs.

Tous addicts ?

Nous avons tendance à associer l'addiction à des jeux d'argent ou à la consommation de drogues et d'alcool. Pourtant cela concerne bien d'autres choses : à partir du moment ou nous ressentons un manque c'est qu'il y a une addiction derrière... (le sucre, Candy Crush, le sport...).

Avez-vous déjà essayé d'arrêter de faire quelque chose sans succès ? Je parie que oui. C'est la faute de notre cerveau... Il est très bien fait et il sait reconnaître quand nous ressentons du plaisir (grâce aux hormones) et comme il nous veut du bien il nous envoie un signal de récompense qui nous rend dépendant.

Que ce soit la cigarette, l'alcool ou le sucre : même combat, même galère pour arrêter.

Nous ne sommes pas tous égaux face à l'addiction, certains "tombent" plus facilement que d'autres... Je vous propose l'écoute de cet épisode de podcast (durée 2 min 30 : attention risque d'addiction au podcast !) qui explique rapidement et simplement pour quelles raisons certaines personnes tombent dans ce travers.

Le circuit de la récompense

C'est un schéma commun pour tous, issu du fonctionnement du cerveau. Ce circuit se compose de trois éléments qui génèrent les habitudes. C'est aussi le dysfonctionnement de ce circuit qui entraîne l'addiction.

Première étape : la recherche du plaisir et le conditionnement

Vous connaissez l'expérience de Pavlov ? Il s'agit de l'expérience de conditionnement.

Pavlov (un médecin russe) est à l'origine de travaux sur le réflexe conditionnel. Parmi ceux-ci, il a multiplié les expériences en envoyant des stimuli divers et variés à des chiens, avec un système de récompense (alimentaire en l'occurrence). Il a ainsi observé qu'à force de répétition, les chiens salivaient avant même que la nourriture soit servie, mais juste en étant soumis au stimuli.

Je vous conseille cette série de courte vidéo réalisé par Arte concernant la dopamine. Elles expliquent assez bien le fonctionnement du système de conditionnement.

Une fois que nous sommes sous emprise de la dopamine, nous entrons dans une deuxième étape.

Deuxième étape : les émotions négatives

Le taux de dopamine diminue au fur et à mesure que notre mauvaise habitude est ancrée entraînant une baisse de la sensibilité à toutes les molécules qui stimulent le cerveau. De plus, les décharges répétées de dopamine conduisent à une modification du fonctionnement de l’amygdale cérébrale, nous rendant plus stressé. Et ce qui nous procurait du plaisir devient moins motivant et seul un accroissement de la dose de notre addiction peut à la fois satisfaire le circuit de la récompense et soulager notre stress... et nous avons les deux pieds dans un cercle vicieux.

Pendant cette phase, nous consommons ou pratiquons avec excès dans le but de sortir d'un état émotionnel négatif (stress, anxiété...) plutôt que pour prendre du plaisir contrairement à la phase 1.

Troisième étape : la perte de contrôle

Lorsqu'on entre dans cette phase, c'est que le circuit de la récompense dysfonctionne. Il s'agit d'une altération des capacités du cerveau, il ne sait plus autoréguler la prise de décision ou résister aux envies. Les hormones ne savent plus où elles en sont, les déclencheurs ont été modifiés.

Pour en sortir, il va falloir remettre en place un nouveau système de récompense. Modifier nos comportements. Et ça demande de la discipline et de la volonté (cf article).

Exemple

Arrêter de fumer est très facile, mon mari peut en témoigner, il a arrêté des dizaines de fois...

Bon cette fois c'est la bonne (oui je le crois vraiment et lui aussi). Pourquoi ? Parce que cette fois-ci au lieu de remplacer son addiction par une autre il a mis en place un nouveau système de récompense. En lieu et place de la cigarette dès le matin au réveil, il a changé la récompense face au déclencheur. Avant : réveil = cigarette, maintenant réveil = café et méditation.

La première chose à faire avant de mettre fin à une pratique anormalement répétée ou une consommation excessive d'un produit, c'est déjà de savoir le reconnaître et l'admettre. Personnellement j'ai un problème avec Candy Crush, et vous ?